Avec R.G. on récupérait tous les gars qu'on pouvait pour distribuer les tracts,
coller les affiches.
J'allais chercher les tracts chez T. à Crépiat (Saint Etienne de Fursac). Ils étaient
faits par T. et G.. G. V. conduisait la voiture de T., il avait son permis. On revenait
avec un paquet de tracts et je les collais avec P. On faisait le tour de Bridiers. On
avait été dénoncé.
J'avais des contacts avec P. de Saint-Maurice et son mari C. Un groupe de 3 a été
formé: un sergent et 2 hommes.
En 1942, j'étais à Saint Maurice. Je travaillais la terre. J'ai perdu mes parents très
jeune et c'est une grand-mère qui s'occupait de moi. Elle m'avait mis dans une ferme.
J'y étais assez bien. J'ai eu la chance d'être avec M. M. qui était marié avec une B.
du Verger. Nous étions chargés de poser les tracts pendant la nuit, en essayant de
ne pas se faire prendre. Moi, je ne savais rien de l'organisation.
Une nuit, j'ai été surpris: "Qu'est-ce que tu fais là ?" m'a demandé un individu !
Alors pan! pan! j'ai frappé. J'avais fait de la boxe et du catch, et je me suis sauvé.
Le lendemain, en me levant, j'ai croisé mon voisin qui était très amoché. C'était lui
qui m'avait surpris. Heureusement qu'il était du même bord, car il m'avait reconnu. Cà
a été sans suite. C'était un T. du Puy Robin, en famille avec la femme de M. A.. C'est
lui qui me surveillait.
En février 1942, je recevais la carte des jeunesses communistes de la main de R. J..
Deux jours après, je glissais des tracts sous les portes pour appeler la population à
se mobiliser contre l'occupation des "Boches", comme on les appelait au moment. Cela
se passait la nuit, et de là presque tous les soirs, en compagnie de R. J. et de J. L.,
nous partions dans les villages de la région. Cela ne se passait pas sans quelques
peurs : des chiens qui aboyaient, une lumière qui s'allumait, une petite halte au
coin de la grange qui joignait la maison, un peu de patience et la lumière s'éteignait.
Vite! C'était le moment. Un d'entre nous se détachait et mettait quelques brochures
sous la porte. Ensuite, nous allions voir un peu plus loin une autre maison,
un autre village. Ensuite, retour à la maison, le lit était le bienvenu, mais aussi
un lieu de réflexion "que va-t-on faire demain ou plutôt aujourd'hui ?", car il
était souvent plus de minuit et cela allait durer combien de temps, on ne le savait
pas.
Quelques jours après, je fus désigné comme chef de triangle, je me sentis responsable,
ma mission était de porter les tracts à un autre chef de triangle, et ainsi de suite,
pour continuer la distribution sous les portes. Cela était organisé de telle façon qu'un
chef de triangle, n'en connaissait que deux autres, au cas où l'un des trois soit arrêté
par la police, même sous la torture, celui-ci ne puisse pas avouer
plus de deux noms.