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Le ravitaillement

Le ravitaillementvert population jaune

Le ravitaillement du maquis

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Dans le livre "Le temps du maquis" (première édition) pages 142 Marc Parrotin a écrit :

La création d'un camp de Maquis pose le problème de trouver des ressources financières pour payer le ravitaillement des réfractaires.
Il va falloir créer des comités de soutien qui collecteront dans chaque commune argent, vêtements, chaussures et nourriture en évitant d'ébruiter ce mouvement de solidarité qui va s'amplifier et durer longtemps.
Ce sont surtout les J.C. qui vont se charger de ce soutien au Maquis. Dans la région de La Souterraine, ils sont déjà nombreux, ces jeunes communistes décidés et sûrs et l'on peut compter sur eux à toute heure du jour et de la nuit. Ce seront Abel et Gilbert Coulon de St-Priest, Donato et Fausto Comino de Lizières, André Lardy et Alcide Vergnolle de Noth, Lucien Lacroix du Grand-Bourg, André Laforêt de Librat... et d'autres dont la bonne volonté et le dévouement se révéleront à toute épreuve.
Ils apporteront, en équipe, chaque nuit, jusqu'à la carrière de Semme, le ravitaillement nécessaire à la vie du Maquis.


En 2004, les anciens maquisards de Montautre que nous avons pu retrouver racontent :

Maurice Augros Le ravitaillement venait surtout de Montoys et des légaux de St Priest et de Lizières.
J'allais surtout au ravitaillement. On allait chercher du pain chez moi à Bordessoules à 4 kms, de l'autre côté de la voie de chemin de fer. C'était le père de ma femme (L.) qui le faisait ainsi que la famille G..
On y allait à 4 et chacun ramenait une tourte ou deux.

Maurice Augros

Eugène Bonnaud Pour le ravitaillement du camp, nous allions à pied. Vers Semme, on récupérait le pain et même d'autres produits. M. V. de Folles s'occupait du ravitaillement. Des agneaux étaient pris dans les fermes. A Chabannes, il y avait un fermier que nous contactions pour tuer les animaux et les découper.

Eugène Bonnaud

René Boussin Quand on arrive de la ville et qu'on s'est trouvé comme ça à manger comme on mangeait. C'est merveilleux.

René Boussin

Camille Bruat A Montautre, on a toujours bien mangé. Les paysans nous ravitaillaient.

Camille Bruat

Charles Cassat Il fallait aller au ravitaillement à Semmes, au croisement des routes qui viennent de Saint-Priest la Feuille, Néravaud, Commarteau et Semmes. Il y avait un petit champ. On attendait que les copains de Noth arrivent avec le ravitaillement (F. , D. et D. L. . Cela se faisait la nuit. Pour le ravitaillement, on allait aussi à Saint Maurice à La Vallade de Bordessoulles. Chez le père de R. G.. On couchait des fois dans une grange. Il y avait un gars qui était marié. Nous, on était couché dans des gerbes de blé. Sa mère venait nous réveiller et nous disait : " Mes petits, c'est temps de vous lever, vous allez prendre un café et vous allez partir. On partait. On allait aussi au ravitaillement au Galateau de Saint-Pierre de Fursac, dans la ferme. On allait chercher des moutons. "
Il reste encore des fermes qui ont participé au ravitaillement : Aux Forges de Fromental : mon frère. Au Nouhaut: Chez G.
Quand on revenait du ravitaillement, on passait ici, devant la grange à Montoys à travers champs. On était à pied, une dizaine. C'était dans des sacs sur le dos. C'est là qu'un soir de pleine lune, on a vu des ombres qui passaient.
On partait la nuit, il fallait plus d'une heure à travers champ. De Semmes, on tombait sur la route des peux qui s'en va sur Tancognaguet. On montait le talus et on venait directement par ici. On passait au-dessus de la forêt de Lavaubarraud dans un champ qui a des pierres (ça doit être à G.). Un matin, on venait du ravitaillement à Lizières et on a cassé la croûte dans ce champ.

Charles Cassat

Raymond Mourioux Pour le ravitaillement du camp, nous partions la nuit. Une fois, en revenant de Puyresson, chez L. qui nous avait donné des pommes de terre, A. est tombé dans une pêcherie. Il a failli se noyer.
Au camp, je m'occupais de la popote. Nous avions une chaudière pour faire cuire les repas, et des gamelles. Une barrique qui avait été récupérée à Montoys servait pour entreposer la viande. Je l'avais enterrée pour garder un peu de fraîcheur à l'intérieur.

Raymond Mourioux

Emile Olivier Je couchais souvent à La Quaire chez R. G. . A l'époque, on marchait.
Oh ! ces tourtes de pain, du pain d'époque. Les paysans de La Creuse. Chapeau ! On n'a manqué de rien
Quand on se déplaçait, on était pris par 2 paysans et plus loin, on était pris par 2 autres etc.

Emile Olivier

Camille Vaugelade Le dépôt de pain et de nourriture était à Semme (St Priest la Feuille). C'était dans l'ancienne forge de G.. Il y a maintenant une boîte aux lettres qui est scellée dans le mur de la maison à l'entrée du village. Il y avait certains jours qui étaient fixés pour se rendre à Semme. E. G., A. L et G.L. y entreposaient la nourriture qui avait été transportée par les légaux jusqu'à la " Font de la Couade ". Les familles des maquisards faisaient parvenir aussi de la nourriture. Ma mère avait fait parvenir des lapins.

Camille Vaugelade

Bernard Violon Je n'ai participé qu'au ravitaillement. On passait à travers champ. L'un avec le veau sur le dos est tombé dans le ruisseau, la tête dans l'eau. Il a fallu le ressortir. Il avait 50 ou 60 kilos de viande sur le dos.
Il y avait trop de viande. Ils venaient avec leurs carrioles.
Un cultivateur faisait dans son champ près du camp des pommes de terre et des légumes pour nous. Le cultivateur rentrait même au maquis.

Bernard violon


En 2004, des témoins de l'époque racontent :

Gaston Bernard Les maquisards circulaient la nuit, ils venaient par des chemins (SEMME - LAVAUD BARRAUD - TANCOGNAGUET - MONTOYS) A Montoys, ils évitaient le village par le côté sud. Il existait des chemins qui permettaient d'éviter les habitations de la famille B. et de la famille A.. Ensuite ils rejoignaient ,à la sortie du village, le chemin creux qui conduisait vers la châtaigneraie et le pré de R. T., à côté du bois. Ce chemin a été modifié au remembrement, mais la piste qui existe aujourd'hui se trouve à peu près au même endroit.

Gaston Bernard

Robert Charbonnier La famille C. et plusieurs familles du Nouhaud aidaient au ravitaillement des maquisards. Pour cela, mon père allait tuer des veaux et des cochons dans les fermes, la nuit.

Robert Charbonnier

Fausto Comino Dès que le maquis de Montautre a été crée, nous avons été chargés du ravitaillement. Deux fois par semaine nous transportions des provisions jusqu'à Semme chez E. G.. Ce sont les maquisards qui venaient ensuite récupérer ce que nous avions amené.
D. L. achetait des bêtes à la campagne: un cochon, ou ce qu'il y avait .
Avec D. C. , K. C., D. L., A. C., on emportait dans des sacs, des quartiers de viande. On les portait à vélo, à Semme, la nuit, à minuit, une heure .
Il y avait une petite "guitoune" (elle y est toujours d'ailleurs). On les posait dans cette petite "guitoune" et eux les prenaient.
La petite "guitoune" est retirée de 30 ou 40 mètres de la route.
Une seule fois, ceux de Montautre qui venaient chercher la viande étaient arrivés avant nous.

Fausto Comino

René Laprade A Montautre, une véritable chaîne de ravitaillement fut mise en place. Le système des triangles prit de l'envergure. Ce n'était plus un chef, c'était un groupe de triangles. Certains étaient chargés de collecter denrées et couvertures nécessaires à toutes personnes isolées dans les bois. D'autres les acheminaient dans un lieu proche du camp. Là, les maquisards les récupéraient. Moi, je faisais partie du groupe qui collectait la marchandise dans l'abattoir de G. de Lizières et l'acheminait au Chiroux, dans la commune de Saint Pierre de Fursac, dans une vieille maison inhabitée. Tout en assurant ce ravitaillement, on continuait à distribuer les tracts.
En juin 1943 alors que le maquis était installé à Montautre, je fus désigné avec Robert et Jean Stein, pour aller chercher des œufs dans la région de Noth (je ne me souviens pas exactement dans quel village). C'était toute une expédition, une remorque attelée derrière mon vélo, Robert et Jean qui la main sur mes épaules, de chaque côté de moi, me poussaient dans les côtes. Il me semble que cette livraison a été faite à Semme là où les maquisards de Montautre l'ont récupéré.

René Laprade