Dans le livre "Le temps du maquis"
(première édition) pages 158
Marc Parrotin a écrit :
Menaces sur le camp
Le matin du 18 août, un incident se produit qui jette l'alarme sur la
sécurité du camp. Une patrouille de deux maquisards est descendue
jusqu'à l'orée du bois. Les gars avancent au-delà, sur le chemin,
quand un bruit de moteur les met brusquement en alerte. Ils se jettent à l'abri
des feuillages et attendent. Voilà qu'une traction débouche en trombe et
s'arrête non loin d'eux. Un civil en descend, révolver au poing, et
s'apprête à pénétrer dans un fourré. La patrouille
surgit des frondaisons.
« Haut les mains ! »
L'intrus ne répond pas à la sommation qui lui est faite, mais il n'a pas
le temps de faire usage de son arme qu'un coup de feu claque dans sa direction. Il se
couche en avant, certainement blessé et réussit à regagner la
voiture qui repart à vive allure. La scène n'a duré que quelques
secondes. Le camp, alerté par la détonation, est sur le pied de guerre.
On y commente l'escarmouche et félicite les camarades. La journée se
passe sans autre incident, mais, le soir, les sentinelles prennent sérieusement
leur faction. Une patrouille renforcée a été
désignée pour fouiller les alentours, le lendemain, avant l'aube.
Je ne me rappelle plus, mais c'est 2 ou 3 jours avant l'attaque qu'on a eu la
visite de 2 inspecteurs.
Ils étaient à pied quand on les a vus. Ils étaient arrivés par Montoys.
Ils étaient dans le bois. On a fait les sommations d'usage. Ils ont continué
d'avancer. J'ai tiré. Ils sont repartis. Il y en a un qui boitait. Il avait l'air
très mal en point. J'ai su par la suite qu'il était mort.
Quelques jours avant l'attaque, 2 femmes d'environ 40 ans sont venues.
Elles sont venues au poste de garde, à la chaussée de l'étang. Elles voulaient savoir combien
on était.
La veille de l'attaque du camp, une voiture est venue à proximité du côté de
Montoys. B. a utilisé son pistolet. Il a tiré vers les intrus qui nous surveillaient.
A la suite de cela, il a décidé de modifier les tours de garde. C'est moi qui avais
la responsabilité de réveiller le camp à 4 heures du matin dont les frères C.
(celui qui a donné l'alerte) mais ce que je ne savais pas et dont je me suis rendu
compte plus tard, c'est que ma montre avançait de 20 minutes.
Une chance, car nous
aurions été tous pris encore couchés dans nos cabanes.
Quelquestemps avant l'attaque, la femme de F. avait dit à son mari qu'il pouvait avoir de
l'anancement en signalant la présence des maquisards à ses supérieurs. C'est ainsi qu'un
jour elle a accompagné jusqu'à Montoys Madame M. qui allait voir sa mère Madame T.
La femme de F. savait très bien que pour se rendre à M., il fallait passer à proximité
du camp. C'est ainsi qu'elles ont discuté avec le garde.
Elles ont posé des questions sur le camp, sur le nombre de maquisards.
C'est peut-être à la suite de ce signalement du camp aux gardes mobiles que l'individu
blond a pu être envoyé au camp pour espionner.
Ensuite jusqu'à la fin de la guerre, nous n'avons plus revu à la maison F.. Mais un jour
que nous étions à table entrain de manger, il s'est présenté. Personne n'a répondu à son
bonjour. Mon père n'a pas dit un mot. Alors, il s'est mis à pleurer, disant: "Je sais
très bien ce que vous pensez. Mais ce n'est pas ma faute. C'est ma femme qui a fait tout ça.